Dans l'histoire des jardins, Les topiaires sont des éléments de façonnage du paysage dit « à la Française ». La taille des arbres ou des haies en formes géométriques est souvent conduite avec l’aide de gabarits métalliques standardisés. Aujourd’hui d'autres formes sont proposées, notamment animalières ou d'objets populaires.                                                           

J'ai donc imaginé une forme végétale possible issue du télescopage d'une forme topiaire et de l'actualité conflictuelle.

En effet, mes travaux prennent souvent leur origine dans des faits réels qui traitent d’une disparition avérée ou possible, fréquemment assortie d’une menace, d’une intranquillité.

Si les conflits actuels ont fait jaillir cette forme de ce substrat, cette topiaire ne s’inscrit pas dans une prise de position morale ou partisane par rapport à ces guerres.

Je lui accorde à contrario une valeur universelle.

En forme de bombe dont la chute est arrêtée au moment de sa pénétration dans le sol, sa forme lui confère un état d’instabilité, un état en devenir, une incertitude effrayante.

Pour autant, sublimée par son traitement végétal ponctué d’ossements et figé dans la cire, elle peut s’apparenter à un fossile d’une catastrophe postnucléaire pendant laquelle la nature reste pétrifiée.

Métaphore non seulement des menaces guerrières, mais également des menaces climatiques, elle vient troubler ce sentiment de durabilité fortement ancré dans notre quotidien.

En s’extrayant des décors végétaux vivants mais contraints (topiaires romantiques), cette bombe « à retardement », fait écho aux fondements de mon imaginaire (films et romans d’anticipation) et de mes travaux : transformation de l’état de la matière par le feu (porcelaine et bois brulés) ou par la chaleur (état instable et réversible de la cire).

Nadia Sabourin – 01/02/2024